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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 18:10

Vers l’avenir

 

Boston
Symphony Hall
10/06/2011 - et 7 octobre 2011

 

Cette saison, le Boston Symphony Orchestra est orphelin de son directeur musical. Son logo qui arbore traditionnellement son nom est vide, James Levine ayant démissionné abruptement pour raisons de santé que l’on connaît. Le programme de cette année montre que de nombreux chefs habitués de cet ensemble ont été invités comme Kurt Masur, Rafael Frübbeck de Burgos, Christoph von Dohnányi ou des plus jeunes comme Ludovic Morlot et Juanjo Mena mais les murmures semblent indiquer que tous les regards seront tournés en janvier sur les deux concerts que va diriger Riccardo Chailly, qui pourrait être tenté par un ensemble américain.

Dans l’immédiat, le BSO fait honneur à une de ses traditions qui est de donner à son «assistant conductor», le jeune Sean Newhouse, un concert dans des conditions normales. Celui-ci a cependant eu l’occasion de se produire en public avec le BSO puisqu’il a dû l’an passé assurer la relève au pied levé de James Levine dans rien moins que la Neuvième Symphonie de Mahler.

De ce concert, il ressort que ce jeune homme a un certain métier et beaucoup d’enthousiasme. Sa gestique et ses attaques sont claires et le rapport entre lui et ses musiciens semble chaleureux. N’est-il pas le premier Américain à exercer cette fonction depuis quinze ans? Cependant, il a peut-être les défauts de sa jeunesse. Ses fortissimos sont abrupts et il lui manque encore un sens de la ligne qui lui permette de construire et faire respirer le discours musical. Il a également une tendance peut-être caractéristique des musiciens de son pays de laisser les cuivres couvrir trop les autres pupitres. Il ne faudrait pas que les musiciens du BSO prennent de trop mauvaises habitudes et perdent la richesse de sa sonorité qui est une des plus «européennes» des ensembles d’outre-Atlantique.

Les Interludes marins de «Peter Grimes» de Britten souffrent ainsi de transitions un peu abruptes qui ne permettent pas à cette angoisse sourde contenue dans l’œuvre de s’exprimer. La Deuxième Symphonie de Sibelius manque également de construction et le chef a probablement en tête un modèle tchaïkovskien assez tentant mais qui ne rend pas justice à cette œuvre. Enfin, certains tempi sont trop vifs et permettent pas suffisamment à la musique de se développer avec naturel. Mais à côté de ces petits défauts, et souvent quand les cuivres sont absents, le chef trouve la dimension de la musique, que ce soient dans la deuxième partie du Tempo Andante de la symphonie ou du «Dimanche Matin» des Interludes de «Peter Grimes». On ne peut pas au final n’avoir que les avantages de la jeunesse.

La soirée cependant appartenait à Jean-Efflam Bavouzet. Le pianiste français déploie une aisance et une élégance dans une œuvre si souvent rabâchée et où de trop nombreux pianistes ne voient qu’un véhicule pour déployer leur virtuosité. Il tourne résolument le dos à une approche trop facile, à la Rachmaninov, pour au contraire approfondir la caractérisation du concerto, faisant ressortir avant tout sa grande modernité et en faisant un cousin slave des concertos de Bartók. Fait rare pour les scènes de concert américaines, il donne en bis les Jeux d’eau de Ravel pris à un tempo assez vif, pleins de légèreté et de lumière, mais surtout dégagés de références lisztiennes et anticipant l’écriture de certaines des Etudes de Ligeti.

Antoine Leboyer

Détail du Programme

Concertonet

 

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 19:24

  Jean-Efflam Bavouzet : assurance et humilité

 

À la fin de la quarantaine, Jean-Efflam Bavouzet amorce enfin une relation avec les mélomanes d'ici.


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Photo: fournie par Paul Mitchell

 

Alain Brunet
La Presse

Le pianiste Jean-Efflam Bavouzet s'amène pour la première fois à Montréal avec l'Orchestre National de France, dirigé par Daniele Gatti. Reconnu entre autres pour ses lectures brillantes et d'autant plus singulières de Bartók, Debussy et Ravel, ce virtuose en fin de quarantaine est ici invité à s'exprimer sur sa propre contribution pianistique et son rôle d'interprète.

 

Ravi de se produire chez nous, Bavouzet s'avère un homme charmant, volubile et d'autant plus généreux au bout du (sans) fil. On a tôt fait de découvrir un interlocuteur ouvert à toutes les période de l'histoire que couvre le répertoire pianistique sérieux et plus encore. Cet homme aime aussi parler de jazz moderne ou même de bossa nova!

En toute humilité, le virtuose nous prévient d'abord de la possible imperfection de sa performance dominicale.

«Vous savez, mes albums sont des ambassadeurs parfois trompeurs... Les oreilles des auditeurs s'attendent toujours à entendre au concert ce qu'ils ont entendu en disque, c'est-à-dire une perfection. Aujourd'hui, vous faites une fausse note en concert et on vous traite de tous les noms! Comme le dit Pierre Boulez, un concert est toujours un miracle, il peut tout s'y produire.»

Ceci dit, Bavouzet se dit très fier de ses enregistrements - sous étiquette Chandos depuis plusieurs années.

«Je m'y implique énormément. Non seulement en amont mais aussi aux étapes subséquentes de la réalisation. Un album doit être un produit parfait alors qu'un concert peut ne pas l'être. Je dirais toutefois que la compréhension de l'œuvre évolue pour l'interprète; vous pouvez parfois jouer encore plus beau que ce que vous avez enregistré auparavant.»

Ce qui mène notre interviewé à définir son rôle d'interprète.

«Mon but ultime, c'est que l'œuvre soit rendue dans sa plus grande vérité. Si le compositeur était dans la salle, il pourrait me taper sur l'épaule en me disant voilà, c'est ce que je voulais. Il serait satisfait de la manière dont j'ai rendu son œuvre tout sachant qu'il n'y a pas une seule manière de la jouer. Même lorsque Ravel disait n'interprétez pas mes œuvres, tenez-vous en au texte, n'en rajoutez pas, c'était une directive générale. Lui-même étant interprète, il savait bien que la même œuvre sous les doigts de différents pianistes ne produit pas le même résultat.»

«Ainsi, de grands artistes comme le pianiste Sviatoslav Richter réussissent un paradoxe extraordinaire: on reconnaît leur style, leur patte, leur empreinte mais on a aussi l'impression d'être face à face avec l'œuvre du compositeur qu'ils jouent. Une impression de transparence. donc. Un très grand interprète ne tourne pas la musique à sa sauce, à sa manière. Ça c'est facile! Un grand interprète  se met complètement au service de l'œuvre c'est justement là que son jeu s'avère distinct, paradoxalement.

«Le but, renchérit Bavouzet, n'est pas de se distinguer en tant que pianiste ou interprète. Personnellement, j'ai beaucoup de réticences, je n'ai jamais fonctionné ainsi. Je peux toutefois comprendre l'existence de certains artistes qui veulent se distinguer de cette manière, je peux encore plus comprendre un certain public prendre plaisir à voir un musicien «faire ça différemment» et «changer tout». La nouveauté peut susciter un certain enthousiasme mais... Au bout du compte, je crois qu'il faut rester fidèle à l'œuvre, tant que faire se peut.»

Bavouzet sait néanmoins les limites de cette fidélité :

«Comment pouvez-vous être sûr que le concerto qu'on va jouer à Montréal sera conforme à l'idée que s'en faisait Beethoven ? pose-t-il. Quelquefois, il y a très peu d'indications du compositeur sur la façon de jouer. On est quand même bien obligé d'habiller tout ça! Bien sûr, Debussy et Ravel, c'est beaucoup plus précis... Néanmoins, se conformer à l'œuvre n'est pas de l'esclavage. C'est de humilité, sachant bien qu'on ne peut monter sur scène en s'excusant de sa manière de jouer.  On doit monter sur scène en étant absolument convaincu que c'est la seule et unique possibilité de jouer l'œuvre! Il faut à la fois une énorme assurance et une énorme humilité.  Encore une fois, très paradoxal!»

Ce qui nous mène à la patte, la signature, l'empreinte de Bavouzet:

«Je suis particulièrement fier, par exemple, des enregistrements des concertos pour piano de Bartók -lancés en 2010- étiquette Chandos. J'ai l'intime conviction que Bartók serait content de les entendre. Ça paraît incroyablement arrogant de ma part mais... si je ne le pensais pas, pourquoi les aurais-je enregistrés ? En tant que Français, d'ailleurs, ce n'est pas évident de faire Bartók. Or, je me targue d'être hungarophile, d'autant plus que je vis avec une femme hongroise depuis 30 ans et que mes deux filles parlent parfaitement le hongrois. Et j'ai eu l'immense chance d'avoir rencontré parmi les plus grands musiciens hongrois de notre époque - le pianiste Zoltán Kocsis, le compositeur György Kurtág, etc.»

Certains spécialistes, par ailleurs, attribuent à Bavouzet une très grande singularité dans l'interprétation de Debussy. On le lui rappelle et sa réponse laisse deviner un haussement d'épaules:

«Très franchement, le son pour le son ne m'a jamais intéressé. Je n'ai pas du tout eu l'impression d'avoir accompli quelque chose de nouveau en ce sens. En fait, j'ai véritablement découvert Debussy très tard dans mon cheminement - j'avais la trentaine bien passée.  J'ai alors été foudroyé par cette musique! Tout ce que j'entendais de Debussy me mettait à la fois dans un état d'émotion intense et de frustration intense. Frustration, car je ne retrouvais pas l'émotion que je pensais devoir être contenue dans les interprétations pour piano de Debussy. Ainsi il y a eu de ma part un geste de nécessité, sans vouloir faire table rase avec les interprétations antérieures aux miennes. J'ai  recherché à la fois l'émotion et la clarté du jeu.»

En outre, notre interviewé se dit curieux de l'histoire entière de la grande musique pour piano. Il vient d'ailleurs de lancer un nouvel album de sonates pour piano de Franz Joseph Haydn - Haydn / Piano Sonatas, Vol.2, étiquette Chandos. Au delà de ses enregistrements, il dit puiser dans toutes les époques, du baroque à la musique contemporaine, de Haydn à Stockhausen et Boulez, en passant par Schumann ou Beethoven dont il a entrepris récemment l'enregistrement des sonates pour piano.

«Je suis un peu boulimique! Et il y a aussi le jazz et la bossa nova que j'adore depuis ma toute jeunesse. Dimanche dernier, par exemple, j'ai joué avec le fils de Baden Powell des thèmes de bossa que j'avais composés à 17 ou 18 ans.»

Et que dire de ce Concerto pour piano #3 en do mineur op.37 de Beethoven, ce pourquoi Bavouzet sera dimanche à la Place des Arts avec l'Orchestre National de France?

«C'est toujours celui qu'on joue qu'on trouve le plus beau! Ce troisième concerto est sublime pour sa force. Pour moi, il y a quelque chose d'opératique dans son deuxième mouvement - qui commence d'une manière si recueillie, presque un chant intérieur. Et tous ces changements d'humeur dans le premier et le troisième mouvement, c'est exceptionnel ! Et ce retour de l'orchestre à la fin du premier mouvement lorsque les timbales reprennent, absolument magique! Dans ce concerto, Beethoven a imaginé des rapports de force et de tonalité. Le piano n'y est pas toujours traité comme instrument soliste mais aussi comme instrument accompagnateur.»

Quant à ses rapports avec l'Orchestre National de France, le pianiste français les qualifie de «très amicaux».

«Il y a trois ans, cet orchestre a amorcé un cycle des concertos de Bartók et on m'a confié le premier, une œuvre extrêmement difficile. C'était la première fois que je travaillais avec le chef Daniele Gatti et ça s'est tout de suite très bien passé. J'aime beaucoup sa direction. C'est un honneur pour moi que de tourner avec l'Orchestre National de France.»

Pour le public montréalais, en tout cas, mieux vaut tard que jamais. À la fin de la quarantaine, Jean-Efflam Bavouzet amorce enfin une relation avec les mélomanes d'ici. Les liens risquent d'être renforcés car le pianiste nous rendra nouveau visite avec l'OSM en 2013... et peut-être plus encore.

NOTE INFRA :

Avec l'Orchestre national de France, Jean-Efflam Bavouzet jouera dimanche le Concerto pour piano no3 en do mineur, op. 37 de Beethoven. Le concert démarre à 19h, salle Wilfrid-Pelletier.

  

 Publié le 09/04/2011 à 15h36

 

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 18:48

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IN THREE short pieces by Debussy, selected on nothing more than the whim that each referred to the moon in its title, Jean-Efflam Bavouzet created a sound world of exquisite delicacy, built on the twin pillars of his imagination and his technical control. That was remarkable, but for those who know his Debussy recordings, not unexpected. Then he turned his attention to another Debussy masterpiece, the ballet Jeux, which, perhaps more than any other work captures that composer's aesthetic that beauty lies in elusiveness.

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Bavouzet's desire to transcribe and play this work as a piano concert work (basing the transcription on the rehearsal score that Debussy himself had written for the dancers) was an ambition that arouses both interest and scepticism. How well would its extraordinarily complex orchestral textures translate onto the keyboard controlled by a mere 10 fingers? The answer came in the performance that both cherished the work's essence while shining new light upon it in a way that both analysed and clarified. Bavouzet brought to the tasks both of transcribing and performing a penetrating musical intelligence, a keen sensitivity for sound and the imagination and technical ability to realise them all.

After interval, Bavouzet paired this with its perfect complement and perfect opposite, transcriptions of the Prelude and Liebestod from Wagner's Tristan and Isolde. Debussy was strongly influenced by Wagner in what the critic Harold Bloom has called the agonistic sense - he wanted to go beyond.

Bavouzet's performance was characterised by clarity of line and careful shading of inner parts rather than grandstanding sound. Rather than overwhelm you, he draws you into the details of the score and musical thought. Framing this was Beethoven's Pathetique Sonata, opus 13, in a performance of arresting gestures and carefully delineated structure, and Liszt's Grosses Konzertsolo. This last work borrows many ideas from Liszt's contemporaneous compositions without quite achieving their cogency and although Bavouzet fared heroically, I couldn't help feeling that a good way to celebrate Liszt's genius in his bicentennial year would be to avoid playing it.


Reviewed by Peter McCallum

 

 

 

 Programm





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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 20:44

Paris - Salle Pleyel


19/11/2010 -  

Jean-Efflam Bavouzet (piano)

Orchestre philharmonique de Radio France, Lawrence Foster (direction)

 

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L. Foster (© Marc Ginot)

         Dans une salle Pleyel qu’on aurait souhaité un peu plus remplie, les «Paris de la musique», le festival de Musique nouvelle en liberté, concluent une belle série de concerts (essentiellement symphoniques à l’exception de celui du Quatuor Diotima) par une création de Vincent Paulet (né en 1962). Bien que la commande lui en ait été passée en 2002 par René Koering, il n’a achevé ses Volcaniques que l’année dernière. Ce triptyque de dix-huit minutes dont le volet central, de tempo lent, dure plus longtemps que les deux autres réunis, mobilise avec une efficacité quasi cinématographique un effectif assez imposant (bois et trompettes par trois) et des références aussi nombreuses qu’hétéroclites pour évoquer la vie humaine, perpétuellement sur un volcan, entre fatalité du destin et volonté de triompher de l’inéluctable. Dans le très bref premier mouvement, la profusion tourne parfois à la confusion, pour laisser place à une page beaucoup plus développée, mêlant sonorités capiteuses et atmosphère angoissée: un tintement répété de crotales conduit au mouvement final, de nouveau agité, entre inquiétude et dynamisme.

Jean-Efflam Bavouzet se produira le 7 avril avec l’Orchestre national de France et Daniele Gatti dans le Troisième Concerto de Beethoven et partira ensuite avec eux en tournée aux Etats-Unis pour donner à plusieurs reprises le Concerto en sol (1931) de Ravel, qu’il vient de graver pour Chandos. Privilège rare, il joue donc cette saison avec les deux orchestres de Radio France: car avant le National, c’est le Philharmonique, sous la direction de Lawrence Foster, qui l’accompagne dans cette œuvre redoutable, certains de ses pupitres ne se montrant d’ailleurs pas sous leur meilleur jour. Il en faut davantage pour déstabiliser le pianiste français, voltigeant dans une partie soliste qui ne semble lui poser aucune difficulté. S’attardant et détaillant volontiers dans l’Allegramente initial, il exploite sa grande richesse de toucher et varie les tempi pour mieux exacerber les contrastes entre verve colorée et détente jazzy. La mélodie de l’Adagio peine un peu à s’élever avec naturel, mais la toutes rencontre avec l’orchestre, particulièrement avec le cor anglais de Stéphane Suchanek, tient ses promesses, avant un Presto final pris à une vitesse phénoménale. Tirant en arrière le tabouret que Bavouzet avait précédemment repoussé sous le clavier, Foster lui intime l’ordre d’offrir un bis, ce à quoi il se prête évidemment bien volontiers: une éblouissante Toccata (1892), l’une des quelques pièces de Massenet qui complètent son récent disque Debussy/Ravel, puis des Jeux d’eau (1901) de Ravel dont il fait avant tout ressortir le caractère virtuose.

Du volcan de Paulet à la flamme de Bavouzet, le programme n’a décidément pas été sous-titré «Con fuoco» pour rien, car il en faut, de la fougue, pour animer la belle Symphonie en ut majeur (1896) de Dukas, décidément très à l’honneur cette saison au-delà même de son incontournable Apprenti sorcier: non seulement c’est La Péri qui a ouvert la saison de l’Orchestre de Paris (voir ici), mais le Philharmonique interprétera à son tour ce ballet le 25 février, avant de présenter une version de concert d’Ariane et Barbe-Bleue le 15 avril. De la fougue, Lawrence Foster en a à revendre pour défendre cette partition chère à son coeur, qu’il a enregistrée voici vingt ans (Claves): la générosité verse parfois dans l’opulence, nourrie par une masse de soixante-cinq cordes, mais il n’y a rien de pompeux ni de pompier dans l’approche du chef américain, contribuant avec brio à réparer une stupéfiante anomalie: sauf erreur, l’une des plus remarquables symphonies françaises écrites entre celles de Saint-Saëns et de Magnard, moins suspecte de wagnérisme et même de franckisme que celle de Chausson, n’avait pas paru à l’affiche depuis plus de dix ans à Paris.

© Simon Corley

 

Programme du concert

Le site de Vincent Paulet  

Concertonet

 

 

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 13:28

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20 juillet 2010 06h00 | Par Louis Le Cor

 

 

La note parfaite de Margaux à Cantenac

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Jean-Efflam Bavouzet a offert une prestation de grand talent à château Lascombes. photo l. l. c.

Dans le cadre des huitièmes Grands crus musicaux, festival international de musique classique, château Lascombes accueillait jeudi soir l'un des huit concerts. Ce domaine doit son nom à son premier propriétaire le chevalier Antoine de Lascombes, né en 1625, qui s'est attaché à y faire un très grand vin.

Grand cru classé de 1855, il se situe dans l'appellation Margaux. Le château a été construit en 1867. Plusieurs propriétaires s'y sont succédé, dont Alexis Lichine de 1952 à 1971. Aujourd'hui, c'est Colony Capital qui préside à sa destinée, son directeur général est Dominique Befve. C'est lui qui a accueilli les 400 mélomanes venus entendre le pianiste émérite Jean-Efflam Bavouzet.

Un interprète de prestige

Premier prix de plusieurs concours internationaux, réclamé par les plus grands chefs, il s'est produit dans des lieux prestigieux. Sa discographie lui a valu également de nombreuses récompenses, son album dédié à Haydn figure parmi les « 150 meilleurs enregistrements pour piano » choisis par « Le Monde de la musique ».

C'est dans les chais, aux fragrances capiteuses, que s'est déroulé le concert. L'artiste a débuté sa prestation avec son compositeur de prédilection : Haydn, dont la « Sonate n° 31 » est l'un des joyaux au cœur duquel se situe le sublime adagio ; ensuite, Robert Schumann, écorché vif, qui en 1836 voit la disparition de sa mère, la séparation d'avec sa fiancée et produit un chef-d'œuvre : la grande « Sonate opus 14 ». Après l'entracte, il interpréta Debussy notamment son « hommage à Haydn » composé en 1909 à la demande de la Société internationale de musique pour célébrer le centenaire de la mort du compositeur viennois. Enfin Ravel, c'est un jeu plus léger, sensuel et plein d'humour avec « Menuet antique », « Une barque sur l'océan », « Alborada del gracioso » (« l'Aubade du bouffon »). Une prestation de grand talent qui a valu à son auteur une ovation des spectateurs debout et d'innombrables rappels dont l'artiste mis fin avec humour en déclarant : « D'autres émotions nous attendent ».

Il parlait de la dégustation des vins de la propriété qui eut lieu à l'issue du concert.

Détail du programme

 

   

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 22:00
 L'Orchestre national de Lille a fait escale par le lycée Picasso avant son départ pour l'exposition universelle en Chine
  • lundi 10.05.2010, 05:06  - La Voix du Nord

     Le gymnase affichait complet mardi. Plus de 700personnes ont assisté à cet événement musical. Le gymnase affichait complet mardi. Plus de 700 personnes ont assisté à cet événement musical.
    | AVION |

    Mardi le gymnase du lycée Picasso, qui avait fait peau neuve pour la circonstance, ...

     

    affichait complet pour la prestation du concert de l'Orchestre national de Lille. Plus de 700 personnes, en majorité des lycéens mais aussi des collégiens qui découvraient d'une façon originale leur prochain établissement scolaire. Au programme, une création de Bruno Mantovani Fantaisie pour piano avec aux commandes Pascal Rophe et au piano Jean-Efflam Bavouzet. Puis une interprétation du concerto pour piano et orchestre n°3 en ut mineur de Beethoven.

    Créé en 1976, l'Orchestre national de Lille s'est doté d'un projet artistique ambitieux en direction de tous les publics. Bruno Mantovani, élu compositeur de l'année lors des victoires de la musique 2009, et tous les artistes qui l'accompagnent ont pour objectif de « porter la musique partout où elle peut être reçue ».

    Dans un langage clair et imagé il nous présenta sa composition. « Le piano est un instrument simple, une espèce de marteau. Habituellement, on présente la prestation du pianiste en solo. Dans cette composition, le piano ne s'arrête pas de jouer car l'orchestre est un prolongement des sonorités du piano. Une extension très simple, l'idée étant d'utiliser le potentiel sonore pour pervertir le son du piano. »

    Une première à Avion

    L'ONL qui venait pour la première fois se produire à Avion s'est imposé en 30 ans comme étant un véritable ambassadeur de notre région et de la culture française. Ainsi après une tournée en Autriche et Croatie et avant un prochain voyage en Russie dans le cadre de l'année croisée France-Russie, la troupe vient de prendre son envol vers la Chine dans le cadre de l'exposition Universelle de Shanghai. •

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 10:29

De Beethoven à Mantovani, le jeu dansant
de Jean-Efflam Bavouzet

dimanche 02.05.2010, 05:09 -  © La Voix du Nord Métropole lilloise

20100430 JEB Mantovani Lille

Jean-Efflam Bavouzet et l'O.N.L jouaient sous la direction de Pascal Rophé - PHOTO Patrick JAMES 



  MUSIQUES

Une œuvre du répertoire, une création, une réécriture. ...

C'est un programme quasiment pédagogique (dans le bon sens du terme), qui est présenté, pour deux concerts, à l'Orchestre national de Lille. L'oeuvre du répertoire, c'est ce merveilleux Troisième concerto pour piano de Beethoven que le soliste Jean-Efflam Bavouzet, qu'on retrouve avec infiniment de plaisir après ses premières collaborations pour le Lille Piano(s) festival d'il y a deux ans, a joué, vendredi soir, avec une sérénité dansante (« vif et enlevé », selon la terminologie musicale).

Ce même Jean-Efflam Bavouzet pour lequel Bruno Mantovani - ils s'étaient rencontrés ici à Lille -, a composé cette Fantaisie pour piano et orchestre (une commande de l'ONL donnée en création mondiale). Une partition d'une grande densité sonore et rythmique, jeu d'échos et de résonances des accords du piano avec l'orchestre mené comme en un balancier harmonique. Chaque page de Bruno Mantovani est un univers foisonnant : on ne peut que se réjouir que le compositeur en résidence à Lille, à l'évidence l'un des plus brillants de sa génération, puisse donner, dans les mois à venir, des pages originales, en attendant l'opéra qu'il créera, la saison prochaine, à Garnier. Quant à Rendering, il s'agit d'un exercice de « réécriture » conçu par Luciano Berio sur les esquisses d'une symphonie inachevée de Schubert. • J.-M. D.

Concert ce lundi 3 mai (à 20 h) au Nouveau Siècle de Lille (avant-concert à 19 h présenté par Bruno Mantovani).

 


Détail du programme
  

 

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 18:16

Jean-Efflam Bavouzet en concert au Théâtre de la Ville à Paris (critique de Fabrice Chêne)

Jean-Efflam Bavouzet : vitalité et éclectisme

 

Jean-Efflam Bavouzet est l’un des tout meilleurs pianistes français en activité. Il est réclamé par les plus grands orchestres, et s’est distingué dans de nombreux festivals, comme celui de la Roque d’Anthéron. Au Théâtre de la Ville, où il se produisait pour la première fois, il a donné un magnifique récital, associant quelques-uns de ses compositeurs de prédilection : Haydn, Ravel et Prokofiev.                                                                

     20100404_JEB.jpg 

Musicien éclectique, Jean-Efflam Bavouzet excelle aussi bien dans la musique classique que dans la musique contemporaine, à laquelle il se consacre plus volontiers. Ce répertoire étendu lui permet de mettre en évidence la diversité de sa palette sonore, mais aussi sa virtuosité et son inépuisable énergie. Des qualités dont il a su faire preuve une fois encore dans une salle qui, dans sa configuration de concert, se transforme en un magnifique auditorium, idéal pour les récitals de piano. Le concert s’ouvrait par la Sonate nº 31 de Haydn, l’une des plus belles. La clarté du jeu merveilleusement articulé de Jean-Efflam Bavouzet, ainsi que son toucher très percussif conviennent très bien à la gaieté entraînante du compositeur autrichien, à qui le pianiste a d’ailleurs consacré un disque. L’allegro, aux motifs multiples et changeants, est ainsi interprété avec une précision métronomique digne de son modèle Sviatoslav Richter. Ce toucher si précis n’exclut pas la délicatesse, comme en témoigne le très bel adagio, intime et expressif, qui lui succède. Quant au finale (presto), Bavouzet sait en faire surgir toute la fantaisie, et, alliant brio et sens de la polyphonie, réussit parfaitement à restituer à cette musique sa fraîcheur originelle. 

 Cette même vivacité alerte fait également merveille dans la musique française du vingtième siècle, dont Bavouzet est l’un des meilleurs interprètes actuels. Il a en effet enregistré les intégrales des œuvres pour piano de Debussy et de Ravel. Du second, il nous offre un Gaspard de la nuit plein de finesse et de mystère. Œuvre de jeunesse de Ravel inspirée des poèmes d’Aloysius Bertrand, ce triptyque mêlant suprême raffinement et extrême difficulté technique a fait pâlir plus d’un pianiste. Ondine est sous les doigts de l’interprète merveilleux de légèreté et de fluidité. Mais c’est surtout Scarbo qui se détache, cette danse macabre bondissante. Bavouzet parvient à rendre la partition limpide sans lui ôter pour autant sa dimension inquiétante. 

 La pièce de résistance du concert est la monumentale Sonate nº 6 en la majeur de Prokofiev. Cette œuvre est la première des trois sonates dites « de guerre » écrites par le compositeur au moment du second conflit mondial, et qui marquent l’apogée de son écriture pianistique. Postérieure au retour de Prokofiev en URSS, elle fut créée en novembre 1940 par Sviatoslav Richter, alors âgé de vingt-quatre ans. Cette musique, animée des pulsions dévastatrices du vingtième siècle (selon les mots de Richter), se caractérise par ses rythmes brisés, ses accords plaqués, ses crescendos : un climat de violence qui domine l’allegro initial. Après un allegretto dominé par un thème en staccatos plein d’ironie, le mouvement lent, tempo di valzer, lentissimo, offre un moment de répit gracieux et lyrique. Le vivace final est une incroyable page de virtuosité pianistique. Interprété de manière échevelée, il finit par rejoindre la violence du premier mouvement. 

 On sait gré à Jean-Efflam Bavouzet des choix à la fois audacieux et équilibrés de son répertoire. Les deux bis : les très contemplatifs Reflets dans l’eau de Debussy et une Toccata de Jules Massenet pleine d’allant nous font retrouver un peu de sérénité. Ils sont aussi des moments de complicité avec le public, qui apprécie à sa juste valeur la performance d’un musicien à la joie de jouer communicative.  

 Fabrice Chêne 

 www.lestroiscoups.com 
 

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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 16:19

Une intégrale discographique des Sonates de Haydn: voilà une entreprise rafraîchissante en cette année Chopin (et Schumann), dénotant aussi une forte personnalité, celle de Jean-Efflam Bavouzet. Voici près de vingt ans, il avait déjà enregistré quelques Sonates pour Harmonic Records, dont la Trente-et-unième (1770) en la bémol: au programme d’un précédent récital parisien en début de saison , elle est également au nombre des quatre figurant dans le premier volume, que Chandos vient de publier.


Dans ces conditions, inutile de dire que Haydn n’est pas ici cette aimable mise en doigts à laquelle le réduisent certains pianistes: observant toutes les reprises, légèrement variées, et insérant une cadence à la fin de l’Adagio, Bavouzet livre une interprétation aux contours fermement dessinés, sans abuser des moyens que lui confère un instrument moderne, en l’occurrence un Yamaha, tout en faisant nettement contraster les trois mouvements: d’esprit léger, mais en rien futile, dans l’Allegro moderato initial, il donne un Adagio profond et décanté, aux effets préromantiques discrètement mis en valeur, avant de conclure sur un Presto vif et précis. Les défis techniques que lance Gaspard de la nuit (1908) de Ravel ne semblent lui poser aucun problème. Il aborde même le triptyque avec un panache lisztien et de grands gestes virtuoses, hormis bien sûr dans «Le Gibet», pétrifiante étude de timbres et de résonances: «Ondine» souple, fluide et même charmeuse, sans doute celle qui incite le poète à la suivre pour devenir «roi des lacs», et «Scarbo» très animé, toccata fantastique, terrifiante et déchaînée.


Après l’entracte, son appétit semble intact et il mord donc à pleines dents dans la Sixième sonate (1940) de Prokofiev, évoquant aussi bien le constructivisme des années 1920 (Allegro moderato
initial) que le tout récent Roméo et Juliette (Tempo di Valzer lentissimo), pour conclure sur un Vivace féroce et d’une agilité diabolique. En bis, Jean-Efflam Bavouzet offre des échos de son programme Massenet/Debussy de janvier dernier à l’Amphithéâtre Bastille : du second, il a choisi «Reflets dans l’eau», première pièce de la Première série des Images (1905), et du premier une Toccata (1892), aussi brillante que consciente de sa vacuité.


© Simon Corley



Programme du récital

Concertonet

 

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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 10:06

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« On oublie souvent combien Haydn a laissé peu d’informations dans le texte de ses œuvres pour clavier: peu d’indications de nuances et de phrasé et de très sommaires indications de tempo. L’entreprise n’en est que plus fascinante, mais aussi ardue et même risquée pour l’interprète qui doit, encore plus que de coutume, créer son propre monde, sa propre logique, en ne pouvant qu’espérer, faute de preuves tangibles, ne pas trop s’éloigner des intentions du compositeur à jamais inaccessibles.

Il me parait adéquat de présenter brièvement ici quelques idées rendues évidentes ces dernières années, notamment sur deux points intimement liés que sont les reprises et l’ornementation.

Pour pouvoir honorer le premier il nous faut l’aide du second. Et c’est donc sans scrupule que tout l’arsenal de trilles, mordants, micro cadences a été utilisé afin d’éviter que les reprises ne soient pas de simples formalités rhétoriques, mais aient toute leur raison d’être en enrichissant le discours.

Poussant cette idée et pour rendre la forme de certains mouvements plus claire, j’ai choisi de “réserver” les codas pour les deuxièmes reprises uniquement. L’exemple le plus évident étant dans le final de la sonate en si mineur dans lequel les triples octaves scandant le thème et suivis par les deux accords volontaires presque violents qui terminent cette sonate “noire”, perdraient complètement leur caractère définitif et fatal (j’allais dire beethovenien) s’ils étaient entendus deux fois.

Ce procédé a été appliqué aussi pour le final de la sonate en la bémol et le sera à chaque fois que le texte le justifiera.

Pour le spectaculairement polyphonique Adagio de cette même sonate, j’ai exceptionnellement renoncé à la deuxième reprise au profit d’une cadence qui, outre quelques modulations osées (je l’avoue), présente une ébauche du thème du final. Vu que les trois mouvements suivent tous la forme sonate, phénomène très rare, il m’a paru intéressant de les unifier également thématiquement.

Contrairement à celles de Beethoven, présenter les sonates de Haydn dans leur ordre de date de composition ne m’a pas paru la solution la plus favorable. J’ai préféré me laisser guider par mon cœur et ai choisi de commencer par quatre de mes sonates préférées qui représentent toutes les qualités qui nous fascinent tant dans la musique de Haydn: euphorie rythmique, surprises harmoniques, changements de caractère: du plus profond sentiment aux accents les plus joyeux, voire carrément comiques.

Entreprise de longue haleine, chaque album sera au fil des ans comme une carte postale, envoyée de mon parcours assez peu respectueux dans sa présentation des considérations chronologiques, mais entrepris dans sa réalisation avec la plus grande passion pour essayer de rendre à nos oreilles du vingt-et-unième siècle aussi vivants que possible les trésors sans fond de cette musique sublime.»

 

© 2010 Jean-Efflam Bavouzet

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